La Corse a
de tout temps bénéficié d’une aura particulière, de par sa situation
géographique qui lui assure en pleine méditerranée, une position stratégique
que les romains avaient déjà perçue, et implanté (Aléria) d’une part, et
d’autre part son incroyable géologie qui permet de différencier la Corse
ancienne (granites, rhyolites, diorites, roches métamorphiques) et la Corse
Alpine (schistes, ophiolites, terrains sédimentaires) qui découpe l’île sur la
partie orientale selon une ligne virtuelle qui passerait, globalement, par
Belgodère au Nord jusqu’à Corte au centre pour finir à Ghisonaccia au sud est.
Cette découpe métamorphique est remarquablement apparente et façonne des
paysages aussi divers que ceux rougeoyants de Piana sur le versant ouest, du
calcaire épuré et abrupt de Bonifacio, au désert escarpé et brun des Agriates
au nord près du Cap Corse...etc.
A ceci il
faut ajouter que la complexité de ce relief qui s’élève progressivement (vallée
de la Restonica), tend à redessiner le paysage et à former des enclaves au sein
desquelles se nichent des microclimats spécifiques ! Il existe aussi des
caractéristiques propres au régime insulaire (brises thermiques entre les
masses d’air de la mer et celles de
l’ile, avec inversion des polarités thermiques selon le jour ou la nuit et donc
inversion de la direction des vents), les précipitations varient de 0 à 2000 mm
au centre de l’Ile, la barrière montagneuse constituant un écran condensateur
et les réserves hydrauliques de l’ile. Les vents ont un impact considérable car
ils peuvent humidifier (le Gregale qui vient des Apennins au nord-est, le
Libeccio qui vient de Gibraltar, le plus fréquent sur l’ile), comme assécher (le
mistral qui arrive de Provence, le Sirocco du sud-est) ou rafraîchir (la
tramontane qui vient des Alpes). Ce sont les vents régionaux qui soufflent dans
toutes les directions, traversant l’ile de part en part !
L’on comprend mieux pourquoi, les AOC Corses sont nombreuses et longent pour la plupart les cotes d’est en ouest, du nord au sud ; AOC du Cap Corse, de Patrimonio, de Calvi, d’Ajaccio, de Sartène, de Figari, de Porto-Vecchio, et pour le reste en AOC Vin Corse, plus particulièrement la zone qui va du sud de Bastia au nord de Porto-Vecchio ! A l’inverse, les cépages les plus courant sont principalement, les « quatre insulaires », le Niellucciu et le Sciaccarellu pour les rouges et les rosés, et le Vermentinu pour les blancs secs, le muscat petit grain pour les secs et les moelleux et liquoreux ! A ceci s’ajoute, grenache, syrah, alicante, cinsault, etc…
Pour conclure, nous pouvons voir la Corse comme un véritable carrefour des éléments qui font le vin, un concentré de terroirs, un territoire privilégié qui offre des vins exceptionnels et rares. Voici de quoi entrer dans la période estivale, humer quelques embruns très méditerranéens, déguster des vins gorgés de soleil, et entendre peut être quelques échos des chants Corses, si vous fermez les yeux !!
Christophe Guitard, 28 avril 2010